dimanche 10 novembre 2013

Avis – UN DEUX UN DEUX de François Bégaudeau et Mélanie Mary (théâtre)




Préambule
Un tour sur le site de François Bégaudeau. Je découvre UN DEUX UN DEUX. Une pièce de théâtre co-écrite par l'écrivain avec Mélanie Mary jouée au Théâtre de Belleville, dans le onzième arrondissement de Paris. Avant d'y aller, je regarde les réactions à la sortie de la salle. Les spectateurs sont conquis. Je suis intrigué. C'est dix euros pour les moins de vingt-six ans. C'est cool. Je suis concerné. La personne avec moi aussi.

De quoi ça parle ?
UN DEUX UN DEUX raconte l'histoire d'un couple. De leur rencontre à leur séparation. UN DEUX UN DEUX parle des différentes étapes rencontrées par deux personnes tombées amoureuses. Dans le livret fourni à l'entrée, François Bégaudeau présente sa pièce ainsi :

UN DEUX UN DEUX n'est pas une pièce sur l'amour. C'est une pièce sur le vrai et le faux, donc sur l'amour. La pièce se tient dans le moment où l'amour permet encore du jeu. Où il est encore une machine à penser, à interroger, à parler, à faire le beau, avant que la cristallisation du dogme sonne la fin de la partie. Expérience la plus sérieuse et la plus frivole du monde, la plus rationnelle et la plus inconséquente. UN DEUX UN DEUX prend l'amour en marche, au moment il est encore un work in progress. C'est pourquoi la pièce ne pouvait s'écrire que sur le mode de l'ajustement progressif. Un premier fragment livré à Mélanie Mary, comme ça pour voir. Puis un second à sa demande, et après discussion sur le premier. Puis un troisième, et ainsi de suite jusqu'à la cristallisation en pièce, avant que les deux comédiens ne la remettent en mouvement, ne lui redonnent du jeu.



Avis
Le Théâtre de Bellevile est petit. Il se trouve dans une ruelle exiguë. Le hall d'entrée doit faire trente mètres carrés. Pas plus. Les spectateurs sont à l'étroit. Ils n'attendent qu'une chose : être autorisés à pénétrer dans la salle. En attendant, ils discutent, parlent de l'actualité. De la pièce. Du froid. En anglais ça s'appelle du chitchat. La personne derrière la caisse fait une annonce.

- Vous pouvez vous avancer.

Contents, les trentenaires, les quarantenaires et les plus âgés s'approchent ticket à la main. Celle qui fait la caisse est aussi l'ouvreuse. Petit théâtre. Petits moyens. Ca a son charme. Après la montée d'une dizaine de marches nous accédons à la salle. Ca sent le vernis. Surprise. Les deux acteurs, Mélanie Mary et François Nambot, sosie de Frédéric Diefenthal, sont là. Sur scène. Dos au public. Il y a aussi Alexis Molenat, présenté comme l'assistant. Chemise fantaisiste à manches courtes, jeans noir, vans noires et guitare bleue dans les mains. Ca intrigue. Les gens s'installent. Les fauteuils sont confortables. Il ne faut pas avoir de grandes jambes. Philippe Croizon aurait été confortable ici. Pas d'attente, ça commence par un faux soundcheck. C'est parti pour une heure quinze.

C'est la fin. Rideau. En fait non, il n'y en a pas. Petit théâtre. Petits moyens. Ca a son charme. Le public applaudit à tout rompre. Les acteurs saluent. Trois fois. J'ai aimé. Cette pièce respire la vérité à pleins poumons. Elle pose des questions sur la façon de dire à quelqu'un qu'il nous plaît, qu'on l'aime, qu'on ne l'aime plus.

- Le faux n'a pas d'odeur, la vérité non plus.

La patte de François Bégaudeau est facilement identifiable, pour ceux qui ont déjà lu au moins un de ses livres. C'est précis, pas niais, pas stupide. C'est intéressant. Ca m'a fait penser à (500) days of Summer. L'un de mes films préférés. L'histoire est similaire. La ressemblance d'Alexis Molenat avec Joseph-Gordon Levitt n'est pas étrangère à ce sentiment. La frange de Mélanie Mary, semblable à celle de Zooey Deschanel, joue aussi. Certainement. C'est drôle. Parfois. C'est vrai. Souvent. C'est agréable. Tout le temps.

A qui s'adresse cette pièce de théâtre ?
Aux couples. Il y a une terrible impression de regarder un miroir. Les différentes étapes peuvent parler à tout le monde. Chacun peut se reconnaître dans les diverses situations évoquées.

1 → On pourrait se voir un jour
2 → Je crois que tu me plais
3 → J'ai très envie de t'embraser
4 → T'aimes moins le faire que moi
5 → Dis-moi que tu m'aimes
6 → Ca serait bien qu'on habite ensemble
7 → On fait plus rien
8 → Tu m'aimes plus ou quoi ?
9 → Faudrait qu'on se parle

Les célibataires peuvent aussi voir la pièce. Pour découvrir ce qui les attend ou replonger dans ce qu'ils ont pu connaître dans un passé proche ou lointain.

Infos utiles
UN DEUX UN DEUX se joue jusqu'au 1er décembre 2013 au Théâtre de Belleville. Un charmant endroit où les innovations sont mises en avant. Comme l'explique Laurent Sroussi :



La bande-annonce



Bonus
François Bégaudeau et Mélanie Mary en interview sur France Culture, à partir de la onzième minute : ICI

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