samedi 9 novembre 2013

Avis | Entre les murs, dans la diagonale – François Bégaudeau


ENTRE LES MURS



Préambule
François Bégaudeau s'est fait connaître du grand public en 2008. L'année où le film Entre les murs, où il tient le rôle principal, a gagné la Palme d'Or au Festival de Cannes. L'année suivante, le long-métrage réalisé par Laurent Cantet a remporté le César de la ''Meilleure adaptation''. Oui, car à la base, Entre les murs est un livre écrit par François Bégaudeau. D'ailleurs, il était ''connu'', bien avant 2008. Celui qui plus tard est devenu écrivain, a commencé à écrire, des chansons, en 1992 quand il chantait dans le groupe de punk nantais Zabriskie Point. Groupe génial auquel plusieurs groupes de punk français, quelques années plus tard, ont rendu hommage.



En 2012, au salon du livre, à Paris, je l'ai croisé. J'étais fasciné. Je lui ai dit bonjour. Je n'ai pas eu le temps de lui dire à quel point j'ai une bonne image de lui. Bref, avant de le découvrir en tant qu'écrivain, j'ai aimé le chanteur de punk aux textes saupoudrés de génie.

De quoi ça parle ?
Entre les murs raconte le quotidien d'un professeur qui enseigne dans un collège dit difficile, situé dans l'est de Paris. La classe où enseigne François Bégaudeau est une pub Benetton. Il y a des noirs, des arabes et des chinois. Au fond de la salle se trouvent les caïds, ceux qui détestent l'école, ont la possibilité de ne plus s'y rendre mais viennent quand même. Ce bouquin parle des difficultés auxquelles un professeur doit faire face. Ca parle de contrôle de soi, de patience, de conflits, de communautarismes, de conseils de classe, et cetera.

Avis
J'ai aimé. Je l'ai dévoré. Le style est agréable, précis. Net. Par exemple, les descriptions des vêtements des élèves permettent de savoir immédiatement à quoi ressemble la personne en question. Ce qui ressort également c'est la routine à laquelle doit faire face un prof. Qu'elle soit avec les autres professeurs ou les élèves. Rapidement, le lecteur se met à sa place. Ou prend du recul et le juge sur ses réactions, parfois disproportionnées envers les élèves. J'ai aimé car c'est tellement bien écrit qu'en lisant on a l'impression d'être dans un coin de la classe et d'observer tout ce qui se passe. Et si un lecteur a cette sensation, c'est que le pari est réussi.

A qui s'adresse ce livre ?
Idéalement, Entre les murs devrait être lu par les élèves des collèges difficiles. Pour qu'ils voient ce qu'ils font endurer, pas tous, à leurs professeurs. Mais soyons réalistes, ça ne risque pas d'arriver. Malheureusement. En fait, ce livre est, selon moi, davantage à destination des étudiants qui aspirent à enseigner. Généralement, la première affectation d'un jeune prof se fait dans une ZEP. Pour leur permettre de faire leurs classes. Les années passent. Ils gagnent des points. Et peuvent se rapprocher du centre-ville et avoir des classes plus ''simples'' à gérer. Un temps, j'ai voulu être professeur. Je le veux encore. Au fond de moi. Plus tard. En lisant Entre les murs, je n'ai pas été dégoûté. Si un jour je suis amené à enseigner, j'aimerais avoir une classe difficile. Car il n'y a de satisfaction sans difficulté. Apprendre à des enfants qui comprennent tout du premier coup, ça ne sert à rien. Le seul défi intéressant, est, je pense, de trouver des techniques pour aider des personnes non-intéressées par l'école, à ne plus la détester. Celui qui parvient à faire cela, doit ressentir un bonheur incommensurable.


DANS LA DIAGONALE



Je ferme le livre après l'avoir terminé et je suis déception. Simplifiée, l'histoire pourrait se résumer à une rencontre entre deux amis d'enfance suivie d'une soirée entre adultes à deux heures de Paris. Il y a une grosse, elle veut se ''faire niquer''. Personne n'a envie. Elle dégoûte. Le problème c'est que le récit est compliqué à suivre. Très. Ca part dans tous les sens. Il y a même des phrases qui s'étirent sur quatre pages. QUATRE PAGES. J'ai trouvé dans la diagonale plutôt imbuvable. Je ne le recommande pas.

Anecdote
Dans l'un de ses albums, Guerilla Poubelle, qui participe à l'hommage rendu à Zabriskie Point, a une chanson qui s'appelle Dans la diagonale. Le texte a été écrit par Alex, le chanteur de Justin(e). Il fait référence au livre ci-dessus.



Hop, je voulais voir un avis d'un vrai critique et je l'ai trouvé sur le site Evene :
L'écriture est huilée, le narrateur fuyant. Phrasé mécanique, déplacements mathématiques, sentiments géométriques. Le choix des mots affiche l'atmosphère : "oblique, perpendiculaire, abscisse, ordonnée". Les angles droits seraient des conventions, difficile de s'en extraire ; les diagonales des fuites déviées, des échappées rhétoriques. Ardu pour un narrateur asocial d'affronter les politesses convenues. Les gens l'ennuient, la médiocrité des circonstances l'assomme. Il évite. Mais à trop se détourner, on rencontre. Au détour d'un trottoir, le pauvre hère retrouve Jacques. Ancien ami de faculté, Jacques invite le narrateur à une soirée entre amis. Auto-stop pour y aller. "Bonjour, -Bonjour, -Vous allez quelque part ?, - Oui, -Moi non donc j'y vais aussi" Ces dialogues absurdes poudroient le roman. C'est original. Le narrateur monte, puis il descend, il remonte et redescend. "Je vais vous laisser là parce que je ne vais nulle part mais ce n'est pas là" C'est ainsi jusqu'à la fin. Bâillements, sourires. Arrivé. Quinze convives. Echanges. Banalités. Fraîcheur. Ils discutent, ils boivent. L'alcool, ça trouble, alors ils dérapent. Le narrateur pénètre l'intimité de la femme de Jacques. Mari très mécontent. Nouvelle fuite, cavale. 'Dans la diagonale', c'est écrit comme ça. C'est court. Elliptique. Bégaudeau enlève des prénoms, ôte des pronoms, supprime des ponctuations. Au début, on ne plonge pas. On reste à la surface. Et puis le volume happe. Les originalités sont aiguisées, le style affûté. Une satire légère sur des trentenaires désenchantés. Les éditions verticales publient 'Dans la diagonale'. A lire à l'horizontale, ou assis en angle droit.
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